Nostradamus
Michel de Nostre-Dame est sans doute le plus célèbre de tout les devins. Ce français d'origine juive est né à Saint-Remy, en Provence, le 14 décembre 1503. Il s'agissait d'une époque particulièrement agitée, l'église catholique étant alors dans sa période répressive avec l'Inquisition. Un peu partout des soldats harcelaient et arrêtaient quiconque selon leur bon plaisir. Ceux qui étaient en désaccord avec l'Eglise devaient éviter tout contact avec les prêtres inquisiteurs, qui purgeaient la chrétienté de tous les hérétiques. L'astrologie et l'alchimie étaient toutes deux interdites. La prophétie était elle aussi considérée comme une hérésie par l'Eglise romaine.
Dès son plus jeune âge, sa famille lui enseigna les arts de l'alchimie. Il était particulièrement doué pour les mathématiques et l'astrologie. Pour pouvoir vivre correctement, son père insista pour qu'il étudie la médecine à l'université. En 1525, il passa ses examens avec succès et quitta Montpellier pour combattre la peste qui faisait des ravages en Europe. Déjà ses méthodes de travail étaient jugées scandaleuses pour l'époque. A défaut de saignées, qui précipitaient le malade vers la mort plus rapidement, Nostradamus pratiquait une médecine plus proche de notre médecine actuelle.
En 1529, l'épidémie faiblit et il put retourner à l'université pour passer son doctorat. Devant son succès face à la peste, il décrocha une chaire de professeur et enseigna la médecine à la Faculté pendant trois ans. Devant les menaces des autorités religieuses pour ses pratiques non conformes à la pratique médicale courante, il dut abandonner l'enseignement et repartir combattre la peste. Comme médecin, il risqua sa vie en permanence et guérit des milliers de malades.
Hélas en 1537, alors que Nostradamus était considéré comme l'un des plus grands guérisseurs de son temps, sa famille fut frappée par la peste. Malgré ses efforts et les traitements qu'il avait mis au point, tous ses proches moururent. Ce fut pour lui une grande épreuve, et la population lui reprocha amèrement son échec. Il fut obligé de quitter la Provence pour l'Italie, car la population le dénonça à l'Inquisition.
Il passa six ans à échapper à ses poursuivants. C'est alors que commença sa nouvelle vie de prophète. Il fut très rapidement réputé dans toute l'Europe, comme un homme pouvant lire l'avenir. Il était reçu par les cours royales et conseillait même les chefs d'états sur la conduite du monde.
Son intérêt, pour la magie et la philosophie hermétique, montre que, pour lui, la nature humaine est divine. Il étudia longtemps l'occultisme. En Sicile, il a eu des contacts avec les mystiques Soufis et fit des expériences avec diverses substances psychotropes, comme la noix de muscade, qui dissolvent les barrières de la conscience. C'est cela qui vraisemblablement l'amenait dans des états de transe pendant lesquels il rédigeait ses prophéties.
La transe est un état profond dans la méditation. Elle survient au bout d'une longue pratique. La philosophie de Nostradamus combinait la magie et la médecine qui visaient à soigner le corps de l'intérieur grâce aux pouvoirs de l'esprit.
L'eau et la lumière étaient ses deux principaux outils de travail. Une bougie allumée donnait le point de départ de ses transes. C'est de cette manière qu'il voyait le futur dans l'aura de la flamme. Il se servait parfois d'un bassin en cuivre rempli d'eau posée sur un trépied. Il s'asseyait lui-même sur un trépied de cuivre pour s'empêcher de s'endormir au cours de ses transes hypnotiques. La transe pouvait durer toute la nuit.
En 1564, Nostradamus avait atteint le sommet de sa célébrité et en juin 1566, alors qu'il revenait de l'Ambassade d'Arles, il fut pris d'un sévère accès de goutte. Il savait sa fin proche et établit un dernier testament. La dernière nuit, il demanda qu'on le laisse seul. Son aide et ami, Chavigny, lui demanda s'ils se reverraient le lendemain. Le prophète lui répondit " tu ne me trouvera pas vivant au point du jour". Le lendemain, il le trouva mort, comme il l'avait prédit. Il fut enseveli en position verticale dans un mur de l'église des Cordeliers de Salon-de-Provence, comme il l'avait mentionné dans ses dernières volontés, "pour qu'aucun poltron imbécile ne piétine la tombe".
Ses premières Centuries astrologiques parurent en 1555, et l'œuvre complète en 1568. Elle comprend dix groupes contenant chacun à peu près 100 versets ou quatrains, et couvre la période de 1555 à la fin du monde, que Nostradamus prédit pour 3797 apr. J.-C. De nombreux événements sont prophétisés, avec parfois une étonnante précision. Toutefois, Nostradamus s'inspira beaucoup des méthodes de divination traditionnelles des sibylles et des pythonisses de la Grèce antique et ses prophéties sont souvent truffées de termes et d'allusions à l'astrologie ou aux sciences occultes qui les rendent difficiles à interpréter.
Il s'est cependant volontairement abstenu, par prudence, de révéler des dates précises, bien qu'il eût pu le faire. Il écrit ainsi: " Que si je voulais à un chacun quatrain mettre le dénombrement du temps, se pourrait faire, mais à tous ne serait agréable [ ... ]. " Ce parti pris de Nostradamus fait que les Centuries ne livrent qu'un nombre très faible de dates précises : neuf dans les 1000 quatrains et huit dans ses autres écrits. On en trouve quelques-unes de plus dans d'autres quatrains, mais dissimulées sous une terminologie astrologique.